003- L’expérience du temps jadis

Résumé de l’épisode précédent : Le Pr.Bontanpis découvre un vieux parchemin datant de 1887. Celui-ci relate l’étrange expérience d’un laborantin : Amédée Luculus. Nous allons donc maintenant et sans plus tarder, découvrir ce que nous apprend Amédée Luculus.

Institut des sciences humaines, Paris :

Bonjour, je suis un modeste laborantin mais j’ai participé à une expérience intéressante en 1887. Je lègue un chronomètre au futur, en souhaitant qu’un chercheur en fasse bon usage. Voici donc le déroulement de ce procédé. Il s’agit de mesurer le temps de réponse qui sépare l’oreille de la main, le temps de réaction entre perception orale et application gestuelle.

Le matériel : Nous disposons d’un projecteur Hortson,

D’un phonographe Edison auquel nous avons adjoint un système de topage pour le rendre synchrone, ainsi qu’un casque.

D’un chronomètre à aiguilles sensible au dixième de seconde près,

à la pointe de la technologie donc, avec télécommande manuelle : le champignon. (Nous avons ajusté la tare du chrono afin de ne pas tenir compte du temps de réponse mécanique du matériel, donc le chrono est bien taré).

L’application se déroule dans une salle munie d’écrans acoustiques destinés à diriger le son.

Le projecteur est relié au phonographe, lui-même relié au compteur.

Le cobaye se tient près, il doit appuyer sur le champignon dès que l’écran s’éclaire.

L’action :
1. Le projecteur déclenche par topage le phono, ledit phonographe envoie un signal sonore dans les oreilles du cobaye, simultanément l’écran est éclairé par une plaquette des frères Lumière, et le compteur démarre.
2. Le cobaye entend le signal, demande au cerveau d’actionner son bras et finalement sa main appuie sur le champignon.
3. Le compteur stoppe et affiche une valeur de l’ordre du 10ème de seconde. (Tout ce boulot pour ça !) Nous avons recommencé l’expérience une cinquantaine de fois avec différents volontaires différents et avons maintenant capturé 5 secondes dans notre chronomètre.

Mais qu’en faire ? Le relâcher dans la nature ?

Ce micro-temps est captif, nous ne le relâcherons pas. Nenni ! D’ailleurs, j’ai horreur du gaspillage.

Alors Quid ? Que faire ? L’expérience du chrono n’était qu’une étape, nous passons la main...

Dans le futur peut-être saura-t-on utiliser le temps. Nous, nous ne savons que le passer...

Alors voilà : Idée lumineuse, pour les générations futures on cryogénise notre précieux chronomètre en plongeant ce dernier dans un conteneur étanche, empli d’un mélange glacé quoi que fumant : hydrogène et azote liquide. On ferme le sas et on met le tout au congélateur, thermostat 8.
 

Dans un certain avenir, à moins que ça ne soit un avenir incertain, un savant illuminé saura peut-être utiliser ces cinq secondes. Peut-être que, grâce à nous, il aura un quelconque contrôle sur le temps.
Car à l’instar de Volta, on peut imaginer que l’on arrivera à conserver le temps dans des sortes d’accus, après tout le temps n’est qu’énergie, une énergie qui nous pousse en avant, toujours plus en avant, Longus, Altus, Fortis et tutti Quanti, inexorablement.

Amédée Luculus

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A suivre : Ca fait "Tilt" dans sa tête